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chantier naturiste dans l'hérault
19 janvier 2013

quelques éléments de mémoire

De l'histoire du lieu, je ne connais que peu de choses. Certes, les archives m'éclaireraient. Certains documents sont sans doute disponibles. Un historien m'a proposé son ouvrage (sur la commune et non spécifiquement sur le hameau). Un travail de collecte est à opérer, consistant à recueillir le témoignage des personnes qui pour les unes passent une fois en ces lieux, pour les autres vivent à proximité ou ayant entendu dire quelques histoires s'y rapportant. D'une part, les visiteurs du mardi sont quelques uns à m'avoir donné deux ou trois informations ; celles-ci sont trahies par une mémoire prompt à l'oubli, mais qui par répétition recoupent une réalité antérieure cohérente. Un berger vécut ici avec deux trois chèvres dans la montagne. Il utilisa un terrain dit "le potager" pour y cultiver ses plants. On retrouve sur la dite-parcelle un plant de vigne, et une cloture métallique ceinturant ce bout de terre exposée sud, en surplomb de la draille menant au puits. L'abandon date des premières années du XXI siècle. 2002 me semble une date qui correspond à l'état d'abandon qui prévaut en général. Cette année est inscrite (par deux fois?) sur le montant des parpaings qui bouchent l'entrée nord de la bergerie, et signe la fin d'une vie sédentaire au hameau. Le berger est-il toujours vivant ? je l'ignore. Ce que j'ignore aussi, c'est si ce pastoralisme était saisonnier, ou si l'on peut envisager une vie permanente, établie entre ces murs. Un tuyau, à présent sectionné, de couleur verte, fut ajouté à l'installation ancienne, au niveau de l'évier de la première pièce de la bergerie, un tuyau contemporain, utile à l'arrosage de quelques plants, sans doute encore utilisé pour le potager. Je mentionne ainsi une collectedisons ique et une circulation qui me parait complexe au niveau de l'habitat. Cette complexité est due en partie à un certain nombre de citernes qui pour une, deux ou trois d'entre elles, me semblent inaccessibles. La collecte d'eau de pluie s'effectue par les toits et par un système de chenaux faite en tuile canale. Cette eau est recueillie dans les citernes,qui ressemblent à de grandes baignoires, proches des bergeries, ou qui ressemblent à des caves que l'on aurait inondées. Ce système de stockage diffère de celui qui est utilisé dans un autre mas à quelques encablures du hameau principal (10 minutes à pied) où l'eau est acheminée par un guidage en tuiles implanté dans le sol (sorte de petit conduit à ciel ouvert ou recouvert de plates calcaires?) et se déversant dans une sorte de dolia, elle même déversant son trop-plein dans une lavogne. Cette complexité est plus nettement visible quand on s'amuse à compter le nombre d'ouverture (portes aujourd'hui condamnées) dans les murs, multipliant le nombre d'accés possible d'une pièce à une autre, d'un niveau à un autre. Ce véritable labyrinthe sur -à vrai dire un bati rammassé sur lui-même, - étonne, mais me conforte dans l'idée qu'une "grande fratrie" vivait ici. Une famille élargie. Des liens de parenté oeuvraient à la cohésion du groupe. Je ne me suis pas encore penché sur la question, qui ouvrait à présent un troisième front, après le chantier, et "sa publicité". Ce que j'appris aussi, c'est le départ des derniers occupants du lieu. Trois frères donnaient vie encore à ce lieu, après guerre (après 1945) -et ce (je pense), jusques dans les années [19]60. Trois campagnards, plutôt comiques, affublés d'un surnom, sans femme avérée, qui regagnèrent le village, et qui passaient son temps à s'apostropher ou à s'invectiver, faisant le régal des oreilles de leurs voisins. Des numéros de cirque. Une autre personne pourrait m'aider mais je crains qu'elle ne soit dans sa dernière demeure, au cimetière du village : le facteur. Il faisait sa tournée, tout en se laissant aller au prélèvement "natruel" ou braconage, en partant du village jusqu'aux Lavagnes, passant au hameau puis redescendant dans la vallée. Cette journée de marche dont on peut estimer sa longueur à quinze ou vingt kilomètres était ponctuée par quelques levées de gibier, pris au piège tendu par ce préposé aux postes. Cet homme si ma mémoire est bonne et d'après ce qu'on m'en dit, avait un surnom en occitan : "celui qui tombe souvent son pantalon", traduction longue d'un geste court, et d'une expression en langue d'oc imagée et synthétique, entendue chez mme le notaire. Avait-il la manie de souvent changer de braies ? Etait-ce du à sa fonction ? Avait-il d'autres charges qui l'amenait à endosser un autre costume ? S'était-il fait une réputation moins honnête de courreur de jupons ? Avait-il eu la malencontreuse indélicatesse de se retrouver un jour à la vue de quelques uns avec les bretelles en l'air, et le pantalon sur les chaussures ? Je l'ignore toujours. Certains mas ont été depuis fort longtemps abandonnés, ou détruits; je dis mas, je devrais parler de masure ou d'abris ou de petites bergeries ou constructions rudimentaires. Par contre, il parait probable que la bergerie ait servi jusques à la fin du XXème siècle. Cette occupation puis cette utilité tant géographique (lié à son éloignement du village et à sa position stratégique) que pastorale a préservé les lieux de l'érosion du temps et des éléments. Néanmoins, l'état général est déplorable; au milieu de l'été 2012, le toit d'une grande pièce attenante à la bergerie s'est écroulé, brisant les neuf dixièmes des tuiles, anéantissant en un bruit assourdissant un des derniers témoignages de la technique, employée sur ce "petit causse", ancestrale, archaïque, et accomodante (je m'entends sur le mot d'accomodation : la plupart des matériaux utilisés sont prélevés dans l'environnement le plus proche). C'est une architecture caussenarde. Une poutre centrale sur laquelle viennent s'appuyer des branches d'arbres taillées et rabotées, de la dimension d'un homme adulte, recouvertes de  chaux blanche, et nappées de tuiles canales ou "à la cuisse", courant-couvert. La bergerie conserve un bel exemple de tissage de branches cette fois épaisses comme le pouce, qui ressemblent à un canage de bois noir, brûlé sans doute, avec chaux et tuiles canale au dessus. Lorsqu'on lève la tête, il semblerait voir le dessous d'une chaise en paille. Le lieu est obscur. L'ensemble du bâti est en pitoyable état, et il faudra peu de temps pour que les toits, un à un, s'effondrent. Et une maison sans toit est une ruine...

Bien à vous françois

 

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